Encadrement des loyers à Marseille : une solution pour la crise du logement ?

Alors que la question de l’encadrement des loyers est de plus en plus présente dans les débats publics, la ville de Marseille semble être un terrain propice pour expérimenter cette mesure. Face à une crise du logement qui s’accroît, notamment dans les quartiers populaires, nombreux sont ceux qui appellent à un encadrement strict des loyers pour permettre à tous d’accéder à un logement décent et abordable.

Une situation du logement préoccupante à Marseille

La cité phocéenne est confrontée depuis plusieurs années à une véritable crise du logement. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), près de 100 000 personnes seraient en situation de mal-logement à Marseille, soit environ 10 % de la population. Le taux de vacance locative atteint quant à lui 12 %, bien au-dessus de la moyenne nationale qui se situe autour de 8 %.

Cette situation est particulièrement criante dans les quartiers populaires, où le parc immobilier est souvent vétuste et inadapté aux besoins des habitants. Les conditions de vie y sont parfois précaires, comme l’a révélé le drame de la rue d’Aubagne en novembre 2018, où deux immeubles insalubres se sont effondrés, faisant huit morts.

L’encadrement des loyers, une mesure déjà expérimentée en France

Face à ces constats alarmants, l’encadrement des loyers apparaît comme une solution envisageable pour remédier à la crise du logement à Marseille. Cette mesure consiste à fixer un loyer de référence, calculé en fonction de la surface et de la localisation du logement, que les propriétaires ne peuvent dépasser lorsqu’ils louent leur bien immobilier.

Cette mesure a déjà été mise en place dans certaines villes françaises, comme Paris et Lille, où elle a fait l’objet d’une expérimentation entre 2015 et 2017. Toutefois, la mesure a été annulée par le tribunal administratif en 2017, avant d’être rétablie par la loi ELAN en 2018.

Les bénéfices et les limites de l’encadrement des loyers

L’encadrement des loyers présente plusieurs avantages pour les locataires. Il permet notamment de limiter les abus de certains propriétaires qui pratiquent des loyers excessifs. De plus, cette mesure participe à une meilleure régulation du marché locatif, en évitant que les prix ne s’envolent trop rapidement dans certaines zones particulièrement prisées.

Toutefois, l’encadrement des loyers présente également des limites. En effet, il peut dissuader certains propriétaires de louer leur bien, craignant une rentabilité insuffisante. De même, cette mesure ne permet pas de résoudre le problème du manque de logements disponibles, qui est l’une des causes principales de la crise du logement à Marseille.

Un débat politique et social

Le sujet de l’encadrement des loyers divise les acteurs politiques et sociaux à Marseille. Certains élus, notamment de gauche, y voient une mesure nécessaire pour garantir l’accès au logement pour tous. « L’encadrement des loyers est une mesure indispensable pour réduire les inégalités et favoriser la mixité sociale dans notre ville« , affirme ainsi un élu marseillais.

D’autres acteurs, comme les professionnels de l’immobilier ou certaines associations de propriétaires, s’inquiètent des conséquences possibles sur l’attractivité économique de la ville et sur la rentabilité des investissements locatifs. « Nous craignons que l’encadrement des loyers ne freine la construction de nouveaux logements et n’aggrave ainsi la pénurie existante« , explique un représentant d’un syndicat immobilier.

Vers une généralisation de l’encadrement des loyers ?

Le débat autour de l’encadrement des loyers à Marseille s’inscrit dans un contexte national où plusieurs villes, dont Bordeaux et Grenoble, ont également exprimé leur volonté d’expérimenter cette mesure. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé en 2021 qu’il souhaite étendre l’encadrement des loyers à l’ensemble des villes volontaires d’ici la fin du quinquennat.

Reste à voir si cette mesure sera suffisante pour résoudre la crise du logement à Marseille et dans les autres villes concernées. En attendant, les acteurs locaux devront travailler ensemble pour trouver des solutions adaptées aux spécificités de chaque territoire et favoriser l’accès au logement pour tous.